La sortie de L’Extravagant Monsieur Parker de Luc Baranger à La Manufacture de livres nous a donné envie de revenir sur la carrière de cet auteur trop rare.
La Noire
Notre découverte de Luc Baranger date de La Noire, chez Gallimard. La collection renaît ces temps-ci et c’est une bonne chose, mais il ne faudrait pas oublier le nom de son créateur : Patrick Raynal. La Noire, donc, grand format, la couverture comme un négatif de La Blanche de chez Gallimard, un énorme catalogue et quelques rares Français à y être publiés. Par exemple, en 1995 c’est feu l’excellent Lucio Mad avec Les Trafiqueurs, ou le délirant Philippe Isard avec Dialogues de morts. Deux auteurs sur lesquels nous devrions revenir, tout comme la naissance de La Noire, mais le temps nous manque.
Reprenons. En 1996 sort Visas antérieurs. C’est le premier titre que Luc Baranger publie et autant dire que c’est une claque magistrale. L’Amérique, les rêves, la musique, et bien d’autres choses, le tout soutenu par une plume d’une rare musicalité, ce qui est l’une des marques de fabrique de l’auteur. Le temps passe et pas de second roman. Nous cherchons à le rencontrer, mais nada, le néant. Il faudra l’aide du hasard et surtout de Michel Embareck pour le trouver.
Michel Embareck
Pour sa sortie dans la Pléiade, nul doute que c’est l’auteur Michel Embareck qui se chargera de la biographie de Luc Baranger. En effet, depuis de nombreuses années c’est lui, son vieux pote, qui écrit les notices accompagnant ses romans. La dernière en date, à La Manufacture de Livres, est particulièrement éclairante.
Revenons donc à la fin des années 1990 où nous apprenons que Luc Barangervit au Vanuatu. Qu’y fait-il ? C’est une longue histoire qu’il faut découvrir, à vous de chercher.
Le Québec
En 2001 sort Backstage chez Baleine. C’est un petit moment de bonheur dans une brève carrière d’éditeur, mais, ne pouvant être objectifs, nous n’en parlerons pas. En 2004, belle année pour Baranger qui sort l’excellent recueil Dernières nouvelles du blues chez L’Écailler, les nouvelles comme galop d’essai chez Baranger, et le splendide Tupelo Mississippi Flash à la Série Noire. Tupelo, c’est l’histoire d’un gamin charentais de 12 ans qui arrive en fraude en Amérique dans les années 1960 et qui se retrouve à écumer les routes avec un groupe de musiciens noirs. La description de La Charente est aussi intéressante que celle des États-Unis. À cette époque, l’auteur a pris ses quartiers au Québec (où nous le rencontrons enfin). Québec dont il épouse la langue en 2006 dans La Balade des épavistes (Éditions Alire) et dont il tire une partie du décor de Au pas des raquettes (Éditions Labranche, Suite Noire) en 2009, roman aussi cinglant que court.
L’Extravagant Monsieur Parker
Ces deux romans québécois pourraient nous faire oublier Crédit revolver, sorti en 2005 (L’Écailler du Sud). Il y a de la lutte armée, de la prison, des voyages, un morceau d’Histoire et cette plume de Baranger qui vous envoute.
Nous passons sur quelques livres que nous confessons ne pas avoir lus pour arriver au dernier, L’Extravagant Monsieur Parker qui nous fait revivre un pan de l’histoire de l’Ouest que l’auteur connaît parfaitement. Car, en plus d’écrire de très bons livres, Baranger en traduit de nombreux depuis bien longtemps et l’histoire américaine est loin de lui être étrangère.