En septembre 2019, sortait Bête Noire d’Anthony Neil Smith chez Sonatine, à peine six mois après Lune Noire. Et… on attend le troisième volet avec impatience.
Un premier tome explosif : Lune noire
Lune noire date de 2008. Tout commence en prison, où Billy Lafitte, shériff adjoint d’un bled du Minnesota est sous le feu des questions de l’agent fédéral Rome. Lafitte est mal en point. Des cadavres à n’en plus finir, de la meth, des terroristes et un Rome bien décidé à tout lui coller sur le dos, suivant le bon vieil adage « vu qu’on a un coupable, faisons tout pour qu’il le soit ».
Il faut dire que Lafitte a un sale passif. Viré de la police du Mississippi après l’ouragan Katrina, pour une conception particulière de la justice, il ne doit ce poste qu’à son ex qui l’a recommandé à son frère, shériff de Yellow Medicine (qui est le titre original du livre). À Yellow Medicine, Billy gère ses magouilles dans son coin (enfin, il le croit) ce qui lui permet de maintenir un semblant de calme dans cette contrée touchée par les labos de meth. Bref, situation tendue pour ce shériff et Anthony Neil Smith adopte le point de vue de Billy pour nous expliquer comment il en est arrivé là.
C’est le genre de livre que nous aimons bien à Milieu Hostile, amoral et ambivalent. Là, Anthony Neil Smith en fait même une série. Sauf erreur de notre part, on en compte trois aux États-Unis. En France, on a le droit à une traduction enfiévrée de Fabrice Pointeau.
Ce premier tome est explosif, les personnages sont bien construits. Lafitte qui se les gèle dans le Minnesota, apprend à connaître les habitants (de belles réflexions), est amoureux transi d’une jeune chanteuse d’un groupe de psychobilly, encore dépressif suite à son divorce et s’avère bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il est question de morale, de justice, c’est violent, trash, avec un côté survivor assez bien fait.
La religion ? La politique ? Rien à foutre. Il s’agissait d’une notion bien plus primaire : le contrôle.
Une suite homérique : Bête noire
Bête noire date de 2009. Le titre original est Hogdoggin’. Nous vous laissons voir ce que ça veut dire, Anthony Neil Smith le précisant en introduction du roman. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ce titre colle particulièrement au roman.
Ce second roman commence 18 mois plus tard. Lafitte a mis les bouts et se cache de tout le monde. Il est sergent d’armes de Steel God, biker aussi violent que craint. Mais le passé finit toujours par vous rattraper et il surgit en la personne de Rome qui, bien décidé à lui faire la peau, s’en prend à son ex famille pour le faire sortir de sa planque.
Au regard du premier, ce volet a un côté dantesque et homérique. Lafitte traverse toutes les épreuves et Anthony Neil Smith déploie un excellent scénario basé sur toutes les réactions humaines possibles (rage, vengeance, stupidité et on vous en passe), ce qui fait que rien ne se déroule comme prévu.
On ne vous en dit pas plus. Sauf que si le premier tome ne donnait pas forcément l’idée qu’il puisse y avoir une suite, celui-ci se termine sur une fusillade monstrueuse. On ne sait même pas qui sortira vivant – même si on a une idée vu qu’il y aura un troisième. Et cela vous laisse une méchante envie de lire la suite.
Pour aller plus loin
L’interview de l’auteur réalisée par Nyctalopes
Anthony Neil Smith chez son éditeur, Sonatine