Comme chaque année en février, la ville de Clermont-Ferrand se met aux couleurs du court-métrage. Cette 41e édition a encore tenu toutes ses promesses avec une programmation riche et variée, nous vous conseillons d’aller faire un tour sur le site pour en mesurer toute l’ampleur. Pour cette raison, nous nous concentrerons sur la sélection de courts-métrages du prix SNCF du polar.
Sept courts-métrages (France, États-Unis, Iran) étaient en compétition, mais point de classement pour nous, juste une rapide présentation et quelques avis…
Angoissant
DeKalb Elementary réalisé par Reed Van Dyk raconte l’histoire vraie d’une prise d’otage dans une école d’Atlanta. D’un côté la standardiste, de l’autre le preneur d’otage. Un homme que l’on sent en proie aux doutes, à ses contradictions et qui pourrait vite se révéler imprévisible, son fusil automatique toujours dans les mains. Pendant 20 minutes, c’est un huis clos entre lui et la secrétaire, qui essaye de le ramener à la raison tout en étant en ligne avec une opératrice des appels d’urgence. C’est tendu, particulièrement bien joué et on ne sait jusqu’au dernier moment comment cela va finir.
Humour
Large place à l’humour dans cette sélection Polar SNCF avec ces trois courts-métrages.
Un geste héroïque de Olivier Riche & David Merlin-Dufey est court (4 minutes), drôle et efficace. Les deux compères l’ont écrit, réalisé et joué. Une ambiance à la Starsky & Hutch à Sète en Renault 20. Un beau flic à qui tout réussit, un collègue jaloux et une chute plus ou moins attendue – mais ne boudons pas notre plaisir.
Emmanuel Poulain-Arnaud (aidé de Armand Robin) a trouvé une excellente idée pour Les Grâcieuses. Une villa de milliardaire dans le Sud-Est, vue sur la méditerranée, piscine à débordement. La maison est à vendre. Lors de la visite, la vendeuse et l’acheteuse, représentante d’un homme d’affaires russe, trouvent le corps du propriétaire mort dans la salle de bain. Le hic, c’est que l’agente immobilière a absolument besoin de vendre la maison et l’autre doit absolument l’acheter car son patron la veut. Pas question donc de s’encombrer des formalités, voici les deux femmes parties pour se débarrasser du corps afin de signer le contrat en toute tranquillité. Du comique de situation et une unité de temps et de lieu pour un court-métrage efficace, où ces deux femmes que tout oppose s’unissent dans leur malhonnêteté.
Troc mort de Martin Darondeau est l’archétype du court réussi. Particulièrement bien écrit, il entraine le spectateur pour quinze minutes sacrément tordantes. Les quatre acteurs sont excellents, le scénario ne cesse de rebondir, les dialogues fusent et sont percutants. L’histoire marie habilement un entrepreneur local en pompes funèbres avec une paire de braqueurs de supérette, personne n’est un professionnel du banditisme et cet amateurisme fait tout le sel du film.
Noir
Hors saison est un film d’animation de Nicolas Capitaine, Céline Desoutter, Léni Marotte et Lucas Durkheim. Il se passe en Amérique du Nord et met en scène une garde forestière qui tombe par hasard sur des braconniers. C’est court (un peu plus de 6 minutes), sec, brutal et particulièrement réussi, que ce soit dans le traitement graphique ou scénaristique. Vous pouvez retrouver l’intégralité du film ci-dessous :
Rares sont les fictions policières iraniennes et Retouch de Kaveh Mazaheri est particulièrement intelligente. Le matin, une femme s’occupe de sa petite fille alors que son mari entreprend de soulever des haltères dans la pièce adjacente. Peu après, il appelle sa femme à l’aide car il est en train de s’étouffer sous une des barres. Celle-ci commence à l’aider, puis s’arrête et le regarde mourir. Durant 20 minutes, nous allons suivre la journée de cette femme qui, laissant le corps mort de son mari, emmène sa fille à l’école et part travailler. Retoucheuse d’images pour la presse, elle masque tout ce qui n’est pas correct pour le régime, recouvrant notamment la peau de certaines célébrités en tenues de soirée. En 20 minutes de film, Retouch aborde avec subtilité différents sujets inhérents à la vie des femmes en Iran. C’est audacieux, très bien réalisé et interprété, et sans aucun manichéisme.
Wind in the Night de Jesse Harris est le court-métrage le plus classique de cette sélection Polar SNCF. Entre le Mexique et les États-Unis, il suit un homme, contraint de laisser sa famille, acceptant un nouveau poste pour le cartel pour lequel il travaille. Il mettra alors en confrontation sa loyauté et son amour pour sa famille, tentant de discerner le bien et le mal.
Pour aller plus loin
La sélection et les modalités pour visionner les courts-métrages sur le site du Prix du Polar SNCF
Le site internet du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand