À la suite de l’annonce de la fermeture de leur usine, une poignée d’ouvriers kidnappent leur parton. Factory, le film du russe Yuri Bykov les suit pendant une nuit de huis-clos.
Grâces soient rendues au festival Hallucinations collectives, à la programmation particulièrement éclectique, où nous avions pu voir différents films en avant-première, dont Factory de Yuri Bykov, qui sort ce mercredi 24 juillet sur nos écrans.
Factory s’ouvre sur une route déserte, quelque part en Russie, qui mène d’une ville brumeuse à une usine, assez éloignée de la ville. Dans un lieu qui ne semble jamais avoir connu de rénovation, des ouvriers fabriquent des plaques de béton. Des conditions de travail qui feraient frémir le plus laxiste des contrôleurs CHSCT de France…
Le film commence par la visite de Kalugin (Andrey Smolyakov), oligarque et propriétaire de l’usine, annonçant que, récession oblige, ce lieu de production ferme ses portes. Des ouvriers, menés par l’énigmatique personnage « Le Gris », s’organisent alors pour kidnapper leur dirigeant contre rançon.
Les puissants et les faibles
Factory est le cinquième long-métrage du réalisateur russe Yuri Bykov, qui en a aussi signé le scénario. Tout comme ses précédents films, il éclaire particulièrement la réalité de la société russe contemporaine. Ici, sous le couvert du film de genre, Yuri Bykov montre les disparités entre riches et pauvres. La confrontation de l’équipe d’ouvriers – qui, bien que menée par un ancien réserviste des forces armées, reste constituée de bras cassés (ou plutôt d’hommes fatigués par la vie) – à la garde rapprochée de leur dirigeant laisse peu de place à l’espoir d’un happy end en faveur des plus défavorisés et en dit long sur le fossé de ces deux classes.
L’intelligence du film tient à son écriture, brute, pleine de rebondissements, sans pour autant être dans la surenchère. Là où beaucoup auraient réalisé un film très codifié, Yuri Bykov apporte une différence. Vision de la société russe, de l’homme, de ses rapports au monde, la veine sociale de l’auteur est présente et éclatante. Aussi, il a particulièrement bien su jouer avec son lieu de tournage, l’usine devient un personnage à part entière, un décor fascinant, propre aux jeux de cache-cache, aussi par un travail sur le son et ses résonances.
Cet article a été rédigé par Christophe Dupuis et Flora Vernaton.
Pour aller plus loin
La fiche du film chez son distributeur, Bac Films