La mini-série Jeux d’influence créée par Jean-Xavier de Lestrade et Antoine Lacomblez, diffusée en intégralité sur Arte à partir du 6 juin, plonge dans le milieu des lobbyistes au service de l’agro-chimie.

La série s’ouvre sur un agriculteur, Michel Villeneuve, qui s’effondre après avoir rechargé son tracteur en désherbant. A l’hôpital, on lui diagnostique une leucémie. Guillaume Delpierre, ami d’enfance de Villeneuve, apprend que les origines de cette leucémie seraient liées à l’utilisation de ce désherbant. Delpierre est député. Révolté et fortement marqué par cet incident, il décide de déposer un amendement pour faire interdire ce pesticide. Le désherbant appartient à la société Saskia qui, bien évidemment, n’a aucune envie de voir son pesticide interdit. Elle charge donc Mathieu Bowman, avocat et lobbyiste de gérer le dossier.

Entre jeu des lobbies et humanité

Prix de la Meilleure mini-série au Festival de la Fiction TV de La Rochelle 2018, Jeux d’influence, vous emmène pendant six épisodes au cœur des lobbies et de la politique, mais surtout au cœur de l’humain. En effet, si la série est là pour nous interpeller, elle pose la question de l’engagement : que faire ?

C’est ce que se demandent les protagonistes. Que ce soit Michel Villeneuve (Christophe Kourotchkine) qui se demande s’il doit porter plainte ou non contre Saskia et aller au procès. Son fils (Anthony Bajon) qui se dit que son père devrait peut-être accepter les 300 000 euros proposés par Saskia pour éviter le procès et s’en servir pour financer leur conversion au bio. Guillaume Delpierre (Laurent Stocker), qui va découvrir les rouages de la politique gouvernementale en décidant de déposer son amendement. Chloé Forrest (Marilou Aussilloux), qui refuse de croire au suicide de son père qui travaillait chez Saskia. Ou Claire Lansel (Alix Poisson), une journalise politique tout juste embauchée par Mathieu Bowman qui découvre ce qu’est réellement le métier.

Comme le disait l’écrivain Philippe Kerr « Le monde n’est ni noir ni blanc et je mets en scène des gens gris dans un monde gris ». Le propos de la série est le même. D’un côté, les auteurs décortiquent le jeu des lobbies, pressions, coercitions, et questionnent le politique, de l’autre, restant à hauteur d’homme, donnant à leur série une âme, évitant de tomber dans le manichéisme.

Le casting au service de la série

Bien écrite, la série captive pendant six épisodes où différentes histoires se mélangent. Le cinquième, que l’on pourrait qualifier « de nasse » tant tout se resserre autour de chaque protagoniste, est particulièrement réussi. On regrette juste un peu trop de happy end au regard de ce qu’il se passe aujourd’hui face aux vendeurs de pesticides et la simplicité du personnage de Claire Lansel qui, loin d’être une oie blanche, signe chez le lobbyiste Bowman, avant de découvrir ce qu’est le métier pour ensuite torpiller la boite de l’intérieur.

Le tout est servi par un excellent casting, que ce soit Anthony Bajon, Ours d’argent du meilleur acteur à Berlin en 2018, pour son rôle dans La Prière de Cédric Kahn ; Laurent Stocker de la Comédie-Française, que nous avions pu voir dans L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller, ici excellent dans son rôle de politicien découvrant les subtilités de la profession au niveau national ; Pierre Perrier, que nous avions découvert dans la série Les Revenants, parfait dans son rôle d’attaché parlementaire ; Jean-François Sivadier, mielleux, onctueux et parfaitement inquiétant (tout comme il l’était dans Les Revenants) ; et Marilou Aussilloux, jeune et écorchée à la recherche de la vérité sur son père.

Le jeudi à 20h55 du 13 au 27 juin 2019
En intégralité sur arte.tv du 6 juin au 26 juillet 2019

Pour aller plus loin

Jeux d’influence sur le site d’Arte