Le point de départ est une tentative d’épuisement du rapport de Kinky Friedman à sa machine à expressos. Mais, si vous connaissez Kinky Friedman, vous savez que son univers est bien plus vaste que sa machine à café. A l’arrivée – si arrivée il y a – un article plus exhaustif sur cet « ex-chanteur-de-country-reconverti-détective-privé ». En attendant, voici un journal de bord lié à la préparation de ce papier.
Kinky Friedman, un homme à part dans le monde du polar. Une quinzaine de livres publiés entre 1986 et 2006, l’intégralité n’étant malheureusement pas traduite chez Rivages. Des romans dont il est le protagoniste principal en tant qu’« ex-chanteur-de-country-reconverti-détective-privé », avec toujours les mêmes acolytes, toujours les mêmes lieux, toujours les mêmes habitudes, des histoires complètement barrées et un style inimitable. Cette répétition pourrait être lassante, elle provoque au contraire cette addiction qui vous fait dire « putain-que-c-est-bon » et qui force les gens dans le train à tenter de savoir ce que vous lisez car vous rigolez à gorge déployée.
Ceci étant un journal de bord, il sera donc, forcément déstructuré. Nous ne présenterons pas les livres dans leur ordre de parution, ce qui serait faire injure aux méthodes d’investigations de « Sherlock » comme le surnomme Ratso. De même, les personnages apparaitront sans forcément être présentés – Kinky s’en chargeant au fur et à mesure de ses romans.
Le Vieux coup de la sauterelle
Le Vieux coup de la sauterelle doit son titre à la petite nièce de cinq ans de Kinky. A l’instar de Ratso, nous ne saurons jamais ce que ça veut dire. C’est un des livres les plus personnels de l’auteur qui revient sur son temps fait dans le Peace Corps à Bornéo et qui se boucle entre mélancolie et poésie.
Tout commence par une surprise : Kinky a quitté New York pour Cleveland, Ohio. Car, vous le comprendrez vite, Kinky ne quitte jamais New York, encore moins le Greenwich Village : « C’était légèrement abusif, songeais-je, d’exiger de quelqu’un qu’il se rende deux fois dans le New Jersey au cours d’une seule et même existence ». Mais, il est des situations auxquelles on ne peut se soustraire : John Morgan, vieil ami rencontré dans le Peace Corps à Bornéo est décédé. Kinky se rend à l’inhumation et c’est là que les ennuis commencent « se pouvait-il que, des trois cents et quelques personnes qui avaient assisté à l’enterrement, je sois la seule à avoir remarqué qu’il y avait comme un petit lézard ? » Le hic ? Ce n’est pas John Morgan dans le cercueil. Avouez qu’il fallait la sortir, celle-là, mais vous comprendrez vite que des débuts de romans comme celui-ci, Kinky en regorge.
Que retenir en vrac :
- Que ce livre donnera, l’occasion à Kinky d’affronter des nazis, un des trois domaines de compétences de Ratso « Maintenant, Ratso, j’ai besoin de ton aide pour faire quelque chose. Je sais que tu meures d’envie de boucler une affaire ayant trait à Bob Dylan, Jésus ou Hitler, et il se pourrait bien que je sois en possession d’une information dont la teneur, justement, viendrait s’emboiter sans faire un faux pli dans l’une de tes ésotériques poches de savoir. »
- Que tout sera mené de façon erratique, faisant dire à Ratso « Parfois, je me demande. Je me demande quelle foutue école de détectives privés t’as bien pu fréquenter, Sherlock. »
- Qu’il n’y a pas un, mais deux Ratso ! Washington Ratso et New York Ratso, comme les surnomme Kinky et que NY Ratso ne le vit pas bien…
To be continued…
Pour aller plus loin
Le Vieux coup de la sauterelle, traduction Frank Reichert, Rivages, 1994 (Frequent Flyer – 1989).
Le site de l’auteur.