L’Effondrement en mini-série : et après ?

L'Effondrement

Retour sur L’Effrondement, la mini-série créée par Jérémy Bernard, Guillaume Desjardins et Bastien Ughetto, visible sur Canal+.

La série commence deux jours après l’effondrement. Que s’est-il passé ? Comment ? Nous n’en savons rien de précis. L’Effondrement n’est pas là pour revenir sur les causes, mais plutôt pour traiter des conséquences. Que deviendrons-nous lorsqu’il n’y aura plus d’électricité, de carburant, que la nourriture commencera à manquer ?

Tendue, en 8 épisodes d’environ 20 minutes, la série va droit à l’essentiel : le comportement humain. Que deviendrons-nous si plus rien n’existait ? Qui ferait la loi ? Qui serait la loi ? Qui aurait le droit à quoi ? Et pourquoi ?

L’Effondrement en épisodes

Le premier épisode, « Le Supermarché (J+2) », s’ouvre deux jours après l’effondrement. Une bande d’amis décide de faire le plein de nourriture et de fuir la capitale en camionnette. Coupures d’électricité, terminaux de caisse qui ne fonctionnent plus, rayons à moitié vides… que fait-on ? On paye ? On vole ? On fuit ?

Le deuxième, « La Station-Service (J+5) », se passe dans une station où il reste un peu de carburant au fond des cuves. Le taulier a imposé un rationnement et troque l’essence contre de la nourriture. Son objectif, remplir son camion et fuir avec sa famille…

Suivent :

« L’Aérodrome (J+6) » met en scène un homme immensément riche, qui a souscrit une assurance bien particulière pour ce genre de situation. Il est prêt à tout pour fuir. « Le Hameau (J+25) » pose la question de ce que l’on fait lorsqu’on a trouvé un équilibre en autosuffisance et que trop de personnes demandent de l’aide au risque de casser l’équilibre en place.L'Effondrement

« La Centrale (J+45) » inquiète avec les centrales laissées à l’abandon par l’arrêt de l’électricité. « La Maison de retraite (J+50) » questionne : on fuit et on abandonne les impotents ? Ou on reste tout en sachant qu’on n’y arrivera pas ? Bastien Ughetto y est impressionnant. Enfin, on ne vous en dit pas plus sur « L’île (J+170) », pour ne rien vous gâcher.

Le dernier épisode, « L’Emission (J-5) » se passe cinq jours avant l’effondrement. Aidé par quelques militants, un scientifique réussit à entrer en force à Canal+ pour s’incruster dans un talk-show où intervient la ministre de l’Écologie. Il se fait rabaisser par la bande d’animateurs et on frissonne encore de tant de bêtise de leur part rien qu’en l’écrivant.

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Et après ?

Ce n’est pas une réflexion globale sur l’avenir du monde, la disparition des espèces, le risque nucléaire… mais des situations vécues au quotidien par différents protagonistes suite à l’effondrement. La question lancinante posée à chaque épisode est « comment réagirons-nous ? ». Les auteurs prennent ces huit situations à hauteur d’homme.

L'Effondrement

La question n’est pas nouvelle, on pense à La Route de Cormac McCarthy, Station Eleven de Emily St. John Mandel, L’Année du lion de Deon Meyer ou ce bon vieux Mad Max. Mais ici le traitement est différent avec cette mosaïque de situations se passant à différents moments après l’effondrement.

C’est filmé en plan-séquence (belle prouesse), caméra le plus souvent à l’épaule, ce qui renforce le sentiment de proximité avec les protagonistes. Huit épisodes, huit situations, huit interrogations. Le jeu des acteurs est excellent, le casting mêle des figures connues comme Philippe Rebbot, Thibault de Montalembert ou Samir Guesmi, mais qui savent parfaitement s’effacer dans leur rôle, à d’autres moins (ou pas) connus tels Bellamine Abdelmalek, Roxane Bret, Adrien Melin, Ernst Umhauer, ce qui renforce le sentiment d’identification du spectateur.

Pour aller plus loin

L’Effondrement sur le site de Canal +

Le collectif Les Parasites, dont font partie les réalisateurs met un épisode à disposition un épisode de la série par mois sur leur chaîne Youtube.

Jérôme Leroy, dont nous ne saurions trop vous conseiller la lecture de ses livres et de son blog, a parlé brillamment de L’Effondrement.