Quelques polars italiens à voir

Polars italiens

Quand on pense au cinéma italien, ce sont d’abord les grands maîtres du milieu du XXe siècle qui viennent en tête, les Rossellini, Visconti, Pasolini, Fellini, Scola, etc. Mais le cinéma contemporain italien, à quelques rares exceptions à l’instar de Nanni Moretti, est plutôt discret sur nos écrans français. Et encore plus dans le genre du polar. Alors voici quelques films à (re)découvrir…

S’il y avait, entre tous, deux polars italiens à retenir, ce serait sûrement Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri de 1970 et Gomorra de Matteo Garrone, datant de 2008 et adapté du livre de Roberto Saviano. D’une part, car tous deux ont été des succès critiques et publics, mais aussi car ils cristallisent le mieux les deux grands courants thématiques du polar italien, la vie politique italienne et la mafia, ces deux thèmes étant souvent intimement liés.

Mais au-delà de ces deux films , quels sont les polars italiens récents à (re)voir ?

Piazza FontanaPolars italiens

La piazza Fontana est une place de Milan des plus classiques, arborée et avec une fontaine en son centre, mais c’est aussi le site où siège la Banca Nazionale dell’Agricoltura, lieu d’un attentat le 12 décembre 1969. L’explosion fera dix-sept morts et quatre-vingt-huit blessés, et instaurera le début des années de plomb en Italie.

Le film de Marco Tulio Giordana, sorti en 2012, narre donc cet attentat et l’enquête du commissaire Luigi Calabresi. Celle-ci incrimine d’abord les anarchistes, avant que la piste de militants néo-fascistes ne soit suivie. Piazza Fontana plonge ainsi son spectateur au cœur des milieux extrémistes, au sein de leur réunions, au centre de leurs convictions et de leurs doutes. Le film retrace ainsi au mieux le contexte de ces années complexes et violentes, où l’on peut vite se perdre parmi les noms et les partis, mais surtout parmi les fausses vérités et les zones d’ombres.

Polars italiens

La réalisation très classique de Marco Tulio Giordana n’en reste pas moins efficace, appuyée par le jeu des acteurs Valerio Mastandrea et Pierfrancesco Favino. Par ailleurs, le réalisateur s’était déjà intéressé aux années de plomb en 2005, avec le film Nos meilleures années, qui suit une famille italienne sur vingt ans, de 1966 à 1983, l’histoire politique se mêlant avec l’histoire familiale.

Il DivoPolars italiens

Sorti en 2008 le film de Paolo Sorrentino est certes un film biographique sur Giulio Andreotti, personnalité controversée de la vie politique italienne, mais surtout un portrait à charge. Si tout n’est que faits réels, Il Divo sonne pourtant comme une fiction tant ses personnages sont archétypaux, son scénario truffé de magouilles et de meurtres, et sa mise en scène si inventive et clinquante, à mille lieux d’un film politique classique. Il Divo s’apparente à un polar tant la figure qu’il met en scène est froide et cynique, et ses agissements troubles et noirs. Le film se déroule au début des années 1990, à l’heure où Andreotti devient Président du Conseil pour la septième fois et suit son quotidien entre ses balades nocturnes solitaires sous forte escorte policière et ses réunions avec son entourage, plus ou moins fréquentable, de politiques, hommes d’affaires, ou encore hommes d’églises.

Polars italiens

Impossible d’oublier l’une des premières scènes du film, qui présente divers assassinats de personnalités hauts placés (politiques, journalistes, banquiers). Sur fond du très pop Toop Toop du groupe Cassius, le film nous plonge immédiatement dans la violence des années de plomb, et suggère la responsabilité directe ou indirecte de Giulio Andreotti dans les assassinats montrés. Cette entrée en matière des plus brutales n’en reste pas moins jouissive tant la musique, le montage et le cadrage sont synchronisés.
C’est là tout le génie de Paolo Sorrentino, de faire d’un biopic politique, un film pop, bouffon, tout en livrant une réflexion sur l’exercice du pouvoir. Le rôle d’Andreotti est tenu par l’acteur fétiche du réalisateur, Toni Servillo. Physiquement transformé et habité par son personnage, Servillo fascine à chaque plan. Une grande leçon de jeu d’acteur.

Une vie tranquille

On retrouve à nouveau l’acteur Toni Servillo dans ce film de Claudio Cupellini, sorti en 2010. À mille lieux de son rôle d’Andreotti, l’acteur incarne ici un homme simple, Rosario, un chef italien tenant un hôtel-restaurant en Allemagne, en compagnie de sa femme. Sa vie banale se partage entre la cuisine et les moments passés en famille en compagnie de son jeune fils. L’arrivée impromptue de deux compatriotes, dont l’un n’est autre que son fils Polars italienslaissé en Italie et qu’il n’a pas revu depuis quinze ans, va bouleverser sa quiétude. Confronté à sa fuite du pays et à son passé de camorriste, Rosario va devoir protéger les siens et la nouvelle vie qu’il s’est construit.

Si la réalisation de Claudio Cupellini se fait discrète, Une vie tranquille met l’accent sur une facette de l’univers de la mafia peu abordé, celui du repenti, et de son impossible tranquillité.