La dernière mini-série de HBO, The Undoing, nous sert un casting grand luxe, Nicole Kidman et Hugh Grant dans les rôles principaux, David E. Kelley (Big Little Lies) aux commandes de la série et Susanne Bier à la réalisation (capable du meilleur avec la mini-série The Night Manager, comme du pire l’adaptation de Serena de Ron Rash). Malgré des personnages bien campés et profonds et une intrigue prenante, The Undoing passe pourtant à côté d’elle-même.
L’histoire
Adaptée du roman de Jean Hanff Korelitz, Les premières impressions, le synopsis de la série est simple : le docteur Grace Fraser (Nicole Kidman), thérapeute spécialisée dans les relations de couple, est mariée au docteur Jonathan Fraser (Hugh Grant), oncologue pédiatrique plus que renommé. Ils ont un fils, Henry (Noah Jupe), tout aussi brillant, qui est scolarisé, bien évidemment, dans une école privée et luxueuse de l’Upper East Side.
Leur train de vie rangé est mis à mal quand le lendemain d’une collecte de fonds de l’école à laquelle le couple assiste, Elena Alves (Matilda De Angelis), mère d’un enfant boursier de l’école et d’origine latino, est retrouvée assassinée. Au même moment, Grace Fraser constate la disparition de son mari, qui est très rapidement considéré comme un suspect potentiel.
https://www.youtube.com/watch?v=x8ZY7SK5DcE
Un casting imposant
Côté casting, HBO a fait fort. David E. Kelley, scénariste de l’excellente série Big Little Lies, retrouve Nicole Kidman, parfaite pour le rôle, tant elle excelle à interpréter des femmes aisées, mises à mal quand le vernis de leur vie parfaite se fissure. Noma Dumezweni est impeccable en avocate qui n’est pas là pour rire, tout comme Donald Sutherland en grand-père vengeur, protecteur des siens et de son patrimoine, et on regrette de ne pas voir plus à l’écran Edgar Ramírez qui joue un inspecteur de police.
La révélation de la série tient à la performance d’Hugh Grant. Marqué par l’âge (l’acteur semble assumer son âge et refuser la chirurgie esthétique, tant mieux), il joue un rôle noir et tourmenté, tantôt charmeur, tantôt inquiétant, à l’opposé de tout ce qui a pu faire sa notoriété, et il y excelle.
Portrait d’une série qui se cherche
Malgré ce casting cinq étoiles et son intrigue efficace, force est de constater que The Undoing est un peu faible. D’une part, car on ne retrouve pas le coup d’éclat magistralement mené en une poignée d’épisodes, qui fait habituellement le succès des mini-séries HBO.
D’autre part, car on a l’impression que The Undoing cherche sans cesse son registre, oscillant entre la chronique agréablement voyeuriste de vie de gens très fortunés (qui nous fait un peu penser à Big Little Lies) et celle d’une descente aux enfers en passant par la case prison, et plus précisément celle de Rikers (comme dans The night of, autre mini-série HBO). Le tout, sans jamais être précisément une série policière, tant l’enquête et les inspecteurs de police sont peu présents et parfois peu crédibles.
À lire aussi : Show Me a Hero : mini-série de David Simon
Des pistes inexplorées
On a un sentiment de loupé durant ses six épisodes. Si le second épisode est excellent, tout comme le final du dernier, les autres sont plutôt fades. L’ensemble se laisse voir, pour preuve, on a été au bout et sans y rechigner, mais on regrette que David E. Kelley et la réalisatrice Susanne Bier ne soient pas allés plus loin.
Le scénario de départ est cohérent, la vie parfaite, mais fissurée, du couple est un ressort scénaristique prometteur, mais cela ne va pas plus loin. Le personnage du père de Grace Fraser, parfaitement interprété par Donald Sutherland, aurait tout à gagner à être étoffé car sa hargne, que l’on voit parfois surgir dans l’éclat de son regard ou dans une réplique tranchante, aurait pu continuer à nous laisser apercevoir ce qui se cache sous les tapis persans de ces appartements luxueux de Manhattan. Le mari d’Elena Alves (Ismael Cruz Córdova, excellent avec son regard illuminé) aurait pu être développé, tant on sent toute la complexité de ses sentiments ambivalents.
Bref, la densité des personnages était là pour développer la série au-delà de la chronique tourmentée de personnes riches, et pouvoir faire de The Undoing une des grandes séries de l’année.
Cet article a été rédigé par Christophe Dupuis et Flora Vernaton.
Pour aller plus loin
The Undoing sur le site de HBO, est à voir sur OCS
Le roman Les Premières Impressions de Jean Hanff Korelitz est publié chez J’ai Lu