Rencontré au mois de juin pour la sortie de son troisième roman, Olivier Norek a été « effrayé » par notre interview trop longue. Pour résumer, voici donc – par l’auteur – 5 raisons de lire, dans l’ordre, la trilogie d’Olivier Norek, Code 93, Territoires et Surtensions.
IL CONNAIT SON MÉTIER
« C’est une marque de fabrique. Je passe un contrat avec le lecteur. Il sait que dans mes bouquins, le fond socio-politique est vrai, sans exagération, avec un brin (appuyé) de recherche journalistique. Pareil pour l’enquête de police, si elle n’existe pas dans sa forme romancée, toutes ses composantes sont tirées de faits réel. Je place le lecteur dans la poche de l’enquêteur, sans caricature ni angélisme. C’est comme ça que l’on bosse, que l’on réussit ou que l’on se plante. Vous êtes avec les flics de la PJ. Le choix d’écrire des polars m’a plutôt semblé une évidence. Pourquoi écrire sur des sujets que je ne connais pas, alors que j’ai passé 15 années, flingue à la ceinture, dans ce milieu de policiers et de voyous… »
IL PARLE DE « SON » 93
« Ce n’est pas MON 93. C’est juste que j’y vis depuis près de 20 ans maintenant. Aussi que, l’écraser, le critiquer, n’en parler qu’avec des préjugés, c’est déjà fait. J’ai donc voulu en montrer, certes son côté sombre, mais aussi les gens qui y vivaient, ceux qui tentaient de s’en sortir, de réussir malgré tout. Un côté plus positif, comme je tente de montrer un côté plus positif des flics. Remettre les choses à leur place, les curseurs aux bons niveaux. »
RIEN N’EST AUSSI SIMPLE QUE ÇA EN A L’AIR
« Non. Jamais. Toute situation à son envers et toute vérité, une part de mensonge. Mes personnages positifs ont un côté sombre et mes criminels restent humains. Mais d’un autre coté, depuis quand les choses sont elles simples ? Je n’écris pas de « who dunnit ?», connaître l’identité de l’assassin à la fin me gonfle. Je préfère dépeindre des situations avec tous les personnages, les connaître, les fouiller, comprendre leurs actes, positifs ou négatifs. Je veux surprendre le lecteur à chaque chapitre, transformant un père de famille en braqueur, une voleuse de bijoux en justicière, un flic en vengeur, un gamin en terreur psychopathe. »
IL A UN REGARD LUCIDE SUR LE SYSTÈME EN PLACE
« 1 800 polars sortent par an en France. Je me voyais mal écrire le 1801ème sans apporter quoi que ce soit au sujet. J’ai donc décidé d’être aussi utile. Utile. C’est un moteur, un truc qui m’épanouit. Je me suis senti utile en missions humanitaires quand j’étais jeune homme. Je me suis senti utile lorsque j’étais flic, gardien de la paix ou lieutenant (probablement plus pendant ma carrière de gardien). Je voulais donc me sentir utile dans ce nouveau job d’écrivain. Alors je balance un peu, pour le bien de tous, police comme justice. Dans Code 93, je parle du trafic des chiffres de la criminalité dans le 93. Dans Territoires, des collusions entre politique et délinquance pour le fameux achat de la paix sociale. Dans Surtensions je présente la situation catastrophique du milieu carcéral et de celui de la Justice : pas de moyens, pas de personnel et toujours plus de boulot… »
IL EST SPEED TANT AU NIVEAU PERSONNEL QUE DE L’ÉCRITURE
« Niveau personnel, je ne savais pas que j’étais speed… parce que le perso, je l’ai pas mal mis de côté. Quand j’étais flic… et maintenant que je suis auteur. Ma vie est bien trop remplie pour que je m’occupe de moi. Par contre niveau écriture, vu que j’ai commencé très tard (si, commencer à 40 ans, c’est tard…), je me dis que je n’ai plus beaucoup de temps pour réaliser tout ce que je veux. Écrire, encore et encore, autre chose que du 93 et du capitaine Coste. Mon prochain roman sort de ce département et j’en profite pour changer de héros. Pour la télé, ma participation à la saison 6 d’Engrenages m’a pas mal appris le métier et m’en à montré quelques facettes… Je suis actuellement à l’écriture de mon premier roman Code 93 en série avec mon pote Yves Rénier à la réalisation. Une autre série type drama en écriture, un film thriller à la recherche d’une actrice, une série comique fantastique en tête et une autre plutôt « feel good » en écriture… quand j’aurai fini tout ça, j’aurais 75 ans et je me dirai que j’ai eu raison de me grouiller et de vivre en urgence. »
MISCELLANÉES
Quelques « remarques» de flic extraites de ses romans, et commentées.
L’autopsie, « ne plus considérer le corps comme humain, mais comme simple partie de l’enquête ».
Évidemment ! Sinon, comment supporter calmement toute cette scène… du ventre au cerveau en passant par le cœur, tout est enlevé, ouvert, pesé, découpé…
La mort, « c’est pas tes proches, c’est pas ta peine »
La meilleure des protections pour ne pas ramener de fantômes à la maison. Le flic n’est qu’un outil dans l’enquête. Si il récupère toutes les émotions, elles risquent de parasiter sa propre enquête. Je n’ai pas dit d’être sans cœur, j’ai juste dit de se protéger.
Les commissaires, « C’est corporatiste un commissaire […] ce sont des gens qui pensent autant à leur carrière que nous à nos enquêtes. »
Pas tous évidemment… mais ils sont de moins en moins sur le terrain, donc moins proches de leurs hommes. Certains sont encore de vrais produits de terrain, quand d’autres connaissent assez les méandres de la hiérarchie et de la politique pour protéger leurs hommes. Mais je l’avoue, j’en ai vu beaucoup penser d’abord à leur carrière qu’à l’enquête en cours…
Un scoop à la presse se vend 200€
Et encore plus cher si il est vraiment bon… oui, tout se rémunère…