Un homme doit mourir de Pascal Dessaint

Descente dans les Landes pour le dernier livre de Pascal Dessaint. Fidèles à notre tradition, voici un 5 raisons de lire Un homme doit mourir, par l’auteur.

BORIS

Au fil des années, j’ai rencontré de nombreux naturalistes, qui ont nourri mes histoires. Boris est sans doute une forme de synthèse. À travers lui, je voulais montrer combien c’est compliqué parfois d’être un amoureux de la Nature. La vocation de Boris est d’aimer la Nature, et pourtant, par son métier, il est amené à valider des rapports qui lui sont néfastes. Aussi c’est un personnage tourmenté, condamné à se remettre en cause, fatalement paradoxal dans la conduite de sa vie, donc intéressant.

ALEXIS

Alexis est né de mon précédent roman, Le chemin s’arrêtera là, où je mettais en scène des humains laminés par le système, directement victimes de la casse industrielle qui s’est organisée dans les années 70. Je voulais me mettre un peu dans la peau de ceux qui tirent les ficelles, dont l’objectif dans la vie est le plus grand profit, forcément au détriment des plus fragiles, toujours. Toutefois, Alexis n’est pas le plus mauvais de mes personnages ! Il y a Raphaël, un beau spécimen de requin…

LES AUTRES (Car il n’y a pas que 2 personnages travaillés ici)

Pépé, odonatologue, spécialiste des libellules donc, qui s’oppose à Boris, le conteste dans son travail, malmène sa conscience. À cause de lui, Boris est obligé de se remettre en question, et d’évoluer… Il y aussi Florent, personnage secondaire que j’aime bien. Il montre combien, sans avoir de passé militant, de pratique contestataire, c’est difficile de se comporter quand soudain un projet industriel vient abîmer votre quotidien. Un jour, on vous dit qu’il y aura une usine au bout de votre champ, et alors, comment vous réagissez ? Vous n’êtes Cinq raisons Dessaintpas préparé. Vous n’avez aucune expérience de lutte. D’une manière ou d’une autre, c’est injuste et violent.

LES LANDES

Les Landes me paraissaient propices à une histoire. Des stations balnéaires tranquilles, des dunes sauvages, des forêts immenses… En 2004, je suis à Contis avec mon gamin de deux ans. Nous montons sur une dune pour contempler le paysage et pique-niquer. Malheureusement, quelqu’un a construit une villa et s’est permis de saccager cette dune pour voir l’océan ! Il y a un banc là, on va s’y asseoir, et soudain une femme surgit pour nous dire que nous n’avons pas le droit d’être là… Ça m’a choqué, et ça m’est revenu en mémoire quand en 2014 j’ai séjourné plus longtemps dans les Landes, dans le cadre d’une résidence organisée par Géraldine Hardy, plusieurs semaines où j’ai été au plus près des choses, où j’ai appris des faits que je n’aurais pas pu inventer, comme le déversement de fûts radioactifs dans la faille de Capbreton…

CINQ RAISONS

[Nous ne nous étions pas compris avec Pascal dans le procédé de ces 5 raisons… Et il a cru non devoir commenter nos raisons, mais nous les fournir… Et comme à l’arrivée, notre dernière question spoilait le livre, nous avons décidé de garder ces 5 raisons par l’auteur…]

1/C’est peut-être un bon remède contre la déprime ! À tout le moins un moyen de partager une angoisse. Désormais, les agressions faites à la Nature sont telles, multiples et permanentes, qu’il est de plus en plus difficile de garder le moral, qu’on soit un naturaliste contemplatif ou un défenseur actif !
2/ Pour ceux qui ont aimé Mourir n’est peut-être pas la pire des choses et qui s’interrogent sur la suite de notre humanité, c’est peut-être un moyen de poursuivre la réflexion !
3/C’est une histoire où les humains sont très humains, et la Nature est très belle, en dépit de la menace qui pèse sur elle.
4/Malgré la gravité du propos, il y a de l’humour, c’était nécessaire !
5/On me dit que la fin est spectaculaire…

Pour aller plus loin

Un homme doit mourir sur le site de Pascal Dessaint, et chez Rivages son éditeur.