Né d’aucune femme de Franck Bouysse

Né d'aucune femme - Franck Bouysse

Nous avions déjà interviewé Franck Bouysse à la sortie de son dernier roman… Né d’aucune femme, le nouveau, toujours à La Manufacture de livres, aurait mérité de nombreuses questions, mais nous avons préféré varier les plaisirs avec un « Cinq raisons de… ».

L’histoire

Comme toujours, l’histoire vient de l’enfance. Pour terminer le cycle des saisons, amorcé avec Grossir le ciel, je suis retourné chez moi, là où j’ai grandi, dans la forêt de tous les mystères, de tous les possibles. L’histoire vient de la terre, des voix indistinctes que j’entendais gamin, véhiculées par les souterrains. Et puis, il y a peu, l’une d’elles a surgi avec une incroyable acuité, celle de Rose.

Il fallait que j’aille au bout de cette histoire qu’ils me racontaient.

Les personnages

Il y a d’abord eu Rose, son père et le maître de forge, dans ce bistrot : la scène inaugurale de la vente. Après, je ne me souviens pas d’avoir écrit avec une telle frénésie, sous la dictée de Rose et des autres personnages. Il fallait que j’aille au bout de cette histoire qu’ils me racontaient, que je sache enfin comment tout ça finissait. Je ne me pose jamais la question du pourquoi quand j’écris, cela pourrait me paralyser. C’est seulement après, que je m’interroge, quand les lecteurs commencent à m’en parler. Les thèmes abordés dans ce livre sont très contemporains, mais traités avec le recul du temps. Comme disait Jules Renard : « Quand c’est trop chaud, ça sonne toujours un peu faux. »

Né d'aucune femme - Franck Bouysse

La construction

La forme narrative s’impose assez vite. J’avais besoin de l’éclairage de chaque personnage, de sa vision du vécu. Je n’avais jamais exploré le « je », mais pour autant, ce n’était pas un défi, plutôt une évidence avec laquelle il m’a fallu composer. Pour être tout à fait exact, le roman n’est pas exclusivement choral, deux voix sont déclinées à la troisième personne du singulier : celles du père et de la mère de Rose, une distance nécessaire.

L’asile

Je connais cet ancien monastère, perdu au cœur de la forêt, depuis toujours. Il se trouve à deux enjambées de ma maison, à trois de la ferme de mes grands-parents. Le lieu idéal de toutes les compositions, de toutes les recompositions, puisque Né d’aucune femme est un roman, et que, bien-sûr, rien n’est réel, mais que tout est vrai…

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L’écriture

Je travaille beaucoup, dans un état obsessionnel. Une fois que l’histoire est là, je m’attache à la forme, à la musique, ma propre musique. Lorsque je suis totalement épuisé, je m’arrête, c’est le moment où je me dis que je n’irai pas plus loin, que c’est « ça ». J’ouvre alors un nouveau cahier, je recharge mon stylo-plume d’une encre noire, et je remonte la rivière à la recherche d’un nouvel affluent. J’écris.

Pour aller plus loin

Franck Bouysse au Livre de poche et chez La Manufacture de livres