« Coup de vent », Mark Haskell Smith à son meilleur

C‘est sûrement la meilleure nouvelle de la rentrée, Coup de vent, le sixième roman de Mark Haskell Smith sort en France chez Gallmeister, et c’est toujours aussi drôle, déjanté et prenant.

Mark Haskell Smith - Coup de vent

Mark Haskell Smith, l’original

En 2004, À Bras raccourci, le premier roman de Mark Haskell Smith sortait chez Rivages. Une histoire bien barrée comme on les aime, des gars courant après un avant-bras tatoué, découpé, et retrouvé sur une scène de crime… Puis, en 2007 arrive Delicious. Hawaï, les tournages de cinéma et l’affrontement entre les locaux et les continentaux. Une scène d’introduction dantesque, du sexe et de la bonne bouffe (deux signes distinctifs d’un roman de Mark Haskell Smith), un rythme survitaminé, de l’humour et en fond, une bonne analyse de la vie à Hawaï.

Du sable, toujours, en 2010 avec Salty. Ha, Salty. Peut-être notre préféré, mais difficile de se décider dans cette œuvre foisonnante. Salty, donc. Une légende du heavy metal en psychothérapie pour « addiction au sexe », traîné par sa femme en Thaïlande pour des vacances qu’il refuse absolument. Des plages, de la nourriture très épicée, de la bière très fraiche et légère et pour finir, sa femme kidnappée par un pirate et sa bande. Un rythme soutenu, des personnages excellents et des retournements nombreux…

Mark Haskell Smith - Salty - Delicious - Défoncé

Avec Défoncé, Mark Haskell Smith installe en partie son intrigue en Europe, lors de la prestigieuse Cannabis Cup d’Amsterdam, qu’un passionné de botanique vient de remporter. Si les grands prix vous ouvrent des portes, celui-ci va lancer à la poursuite du lauréat des gangsters qui ne rêvent que de lui piquer ses plants magnifiques. Les ennuis ne vont pas s’arrêter. L’idée de départ est brillante, tout comme le traitement et l’auteur réussit même à vous faire saliver avec la cuisine des Pays-Bas !

Coup de vent

Après Ceci n’est pas une histoire d’amour, que l’on peut aisément délaisser dans la bibliographie de l’auteur, il y a donc Coup de vent, une course-poursuite où se mêlent humour, nautisme et meurtres.

Bryan LeBlanc, trader à Wall Street, s’échappe de sa vie trop conformiste en compagnie de dix-sept millions de dollars, détournés auprès de la banque pour laquelle il travaille. Parti dans les Caraïbes pour prendre la mer et disparaître sous une fausse identité, il est poursuivi par Neal Nathanson, enquêteur au service de la banque, Seo-yun Kim, la cheffe de service de Bryan, et peut-être d’autres encore…

Neal espérait que LeBlanc ait une forme de perversion sexuelle. Dans un monde idéal, il le retrouverait attaché et bâillonné par une dominatrice dans une suite luxueuse quelque part en République dominicaine.

Le titre original, Blown, résume en un mot le roman, et l’esprit d’Haskell Smith. Blown signifie « soufflé », mais aussi « raté » ou « tombé à l’eau ». C’est le propre de ses romans, de nombreux rebondissements et des façons toujours plus étonnantes pour extirper ses personnages de situations toujours plus farfelues.

En mettant en scène des personnages dépassés par leur vie quotidienne et n’aspirant qu’à s’en libérer, jusqu’à aller peut-être trop loin, Coup de vent introduit un ton légèrement plus sombre que les précédents romans. Pourtant, l’humour inopportun et l’esprit irrévérencieux de Mark Haskell Smith sont toujours là.

On en vient à se dire que c’est peut-être son meilleur roman. Il faudrait tous les relire pour se décider… Aucun problème.

Cet article a été rédigé par Christophe Dupuis et Flora Vernaton.

Pour aller plus loin

Et donc, pour lire ou relire Mark Haskell Smith, c’est chez Rivages et Coup de vent chez Gallmeister.
Au pays des nudistes, l’essai de l’auteur est paru aux éditions Paulsen.
Le site de Mark Haskell Smith.