Retour sur Il était une seconde fois, la mini-série de quatre épisodes, réalisée par Guillaume Nicloux et diffusée sur Arte jusqu’au 27 septembre 2019.
Notre rencontre avec Guillaume Nicloux date de 1996. Zoocity, son premier polar publié chez Baleine, fut une claque. Nous avons scrupuleusement suivi sa carrière littéraire et son basculement au cinéma – mais avec beaucoup moins de régularité, il faut l’avouer. Guillaume Nicloux a une patte, un univers et cette mini-série en est l’exemple même.
Il était une seconde fois
L’histoire, de prime abord, est simple : Vincent (Gaspard Ulliel), vit à Bordeaux, rongé par la perte de Louise (Freya Mavor) qui l’a quitté quelques mois plus tôt pour aller vivre à Londres. Il a beau faire beaucoup la fête, ingurgiter des drogues en tous genres, cette séparation ne passe pas.
Un matin il se fait livrer une série de colis. Il les descend à la cave et assemble ce qu’il y a dedans : un appareil de musculation – preuve qu’il est vraiment désespéré. Lorsque l’appareil est monté, il reste un colis. Il n’est pas à lui. Le bon sens voudrait qu’il ne l’ouvre pas et qu’il le retourne, mais il s’empresse de le défaire. À l’intérieur, un cube en bois d’environ 1 mètre de long. Vincent ouvre la porte coulissante du cube qui semble vide. Il passe le bras à l’intérieur, tâtonne, rien. Il s’y engouffre et… rien. Sauf qu’en ressortant de cette boîte, il entend du bruit dans sa cuisine. Il monte et tombe sur Louise préparant un café. Vincent a remonté le temps.
Une série non-identifiée
Si vous êtes rationnels, allergique à toute forme de fantastique, passez votre chemin. Si vous acceptez ce parti-pris fantastique, entrez dans cette série où Vincent va se servir du cube pour remonter le temps et tenter de reconquérir Louise.
Même si les spirales temporelles sont toujours difficiles à gérer, Guillaume Nicloux s’en sort très bien. Il enchaine trois niveaux de narration qui se symbolisent par trois images différentes. Le réalisateur étant exigeant, c’est au spectateur d’être attentif pour savoir où il en est.
Le présent : image normale.
Vincent remontant le temps : avec une image carrée et légèrement dégradée.
Le temps des souvenirs : une image aux couleurs sépia et aux contours légèrement flous.
Cette mini-série (4 épisodes de 52 minutes) est un objet non identifié. Fortement orientée amour et fantastique, la série va osciller entre différents registres au fur et à mesure que les personnages évoluent et que l’histoire se dévoile. Le livreur va essayer de récupérer le colis pour ne pas perdre son job, en Islande deux hommes mystérieux veulent savoir où est passé le cube, un voisin mécontent du premier épisode va chercher à se venger de Vincent, son ex-femme va tenter de le reconquérir… On le voit Guillaume Nicloux multiplie les pistes et embarque son spectateur.
La réalisation est sèche, efficace. On apprécie particulièrement les scènes de fêtes très réussies. Tout est tourné à Bordeaux et ses alentours, sans aucun cliché de carte postale – ça fait du bien – et le final a le mérite d’être brutal et définitif. Il n’y a aucune fausse note à signaler concernant les acteurs, Gaspard Ulliel n’étant pas du tout la guest star, chacun a le droit au même traitement.
On regrette juste que Guillaume Nicloux n’ait pas développé plus les nombreuses pistes lancées, avec deux épisodes de plus, la série aurait certainement pu être plus dense.
Pour aller plus loin
La série est à voir jusqu’au 27 spetembre 2019 sur le site d’Arte