Après un superbe premier roman au Seuil (Sombre Sentier , 1995) mettant en scène le commissaire Daquin, Dominique Manotti poursuit ses aventures chez Rivages (A nos chevaux !, Kop).
E
lle y publiera aussi les deux très bons Nos fantastiques années fric et Lorraine Connection avant d’intégrer la Série Noire (où elle a récemment publié la « première » enquête de Daquin – le très bon Or Noir). Elle revient sur ses « années Rivages ».
J’ai commencé à écrire des romans noirs très tard dans ma vie, après avoir lu James Ellroy, et en avoir encaissé un véritable choc. Donc, pour moi, le must absolu était d’être publiée chez Rivages. Mais je ne connaissais rien aux coutumes de l’édition en France. J’ai apporté mon manuscrit à François Guérif, qui m’a reçue. Nous avons eu un entretien au cours duquel il a été très aimable, et moi, pas du tout à la hauteur, intimidée, coincée. Quand il a clos l’entretien en me disant: « Je vais lire votre manuscrit et je vous donnerai ma réponse avant Noël » (trois mois après), j’ai cru que c’était une façon polie de me dire non. J’ai donc envoyé le manuscrit dans d’autres maisons d’édition et accepté le Seuil qui a été le premier à me dire: oui. Guérif m’a mis un mot ensuite, nous avons repris contact, les malentendus ont été dissipés, et j’ai ensuite été publiée chez Rivages, ce dont je suis fière.
Très amical, à tous les niveaux de la maison, comme avec les autres auteurs français de la collection. La difficulté que j’ai éprouvée en passant de la recherche en Histoire à l’écriture de romans, c’est l’isolement, la solitude face à l’écriture, l’absence d’échanges et de discussions collectives. Les maisons d’édition ne jouent pas ce rôle.
Je remettais mon manuscrit à Guérif, qui le lisait, me faisait des remarques, dont je tenais compte, je faisais des corrections, et c’était parti.
Je doute tout au long de l’écriture de chaque livre, et malheureusement, c’est de pire en pire. Arrivée aux deux tiers d’un texte, il me semble que l’unique solution est de tout mettre à la poubelle, et je ne continue que grâce à la discipline que j’ai gardée de ma formation universitaire.
Ça, c’est extrêmement difficile de se limiter à cinq. Je mets donc hors compétition Ellroy, trop évident (mentions spéciales LA Confidential et Un tueur sur la route), et Hillerman pour toute une série de titres. Les cinq: Lehane pour Un pays à l’aube, Thomas Kelly pour Le ventre de New York, George V. Higgins pour Les copains d’Eddie Coyle, Bill James Retour après la nuit, et Jake Lamar Nous avions un rêve.
Pour aller plus loin
Dominique Manotti chez Rivages et à la Série Noire
Le site de l’auteur