La minisérie Oussekine revient sur la mort de Malik Oussekine en 1986 à la suite de violences policières. Tout en brossant le portrait de cette affaire médiatique et politique, la série se place à la hauteur de la famille pour montrer un drame intime.
1986, les étudiants sont dans la rue, arcboutés contre le projet de loi Devaquet. C’est la première année de cohabitation entre François Mitterrand, président, et Jacques Chirac, Premier ministre. Charles Pasqua est au ministère de l’Intérieur et Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité. Pasqua et Pandrau ont créé les voltigeurs, un binôme de policiers sur une moto tout terrain. L’un conduit pendant que l’autre à l’arrière, avec une grande matraque en bois, cogne tout ce qui bouge. L’objectif est simple : nettoyer la rue de la contestation.
Dans la nuit du 5 décembre, Malik Oussekine voit un concert dans un club de jazz rue Monsieur-le-Prince. Lorsqu’il sort, le métro est fermé et suite à une manifestation les voltigeurs tournent dans le quartier, les gens courent, affolés, c’est la cohue. Malik Oussekine est pris en chasse par trois voltigeurs, il trouve refuge dans un hall d’immeuble, mais ses assaillants s’y introduisent et le rouent de coups, blessures dont il décèdera un peu plus tard dans la nuit.
Une série entre intime et politique
Oussekine, la minisérie de 4 épisodes a été réalisée par Antoine Chevrollier. L’homme n’est pas un inconnu, on lui doit, entre autres, de nombreux épisodes du Bureau des légendes. À ses côtés au scénario, on retrouve la romancière Faïza Guène, l’actrice et réalisatrice Lina Soualem (vous pouvez la voir dans l’excellent À mon âge je me cache encore pour fumer), Julien Lilti et Cédric Ido.
Antoine Chevrollier réussit le pari de revenir sur cette affaire médiatique et toutes ses machinations politiques qui l’ont parcourue. Suivant un montage très découpé, Oussekine suit plusieurs strates, montrant cette affaire à hauteur de la famille, du point de vue d’une mère, d’une sœur, d’un frère, mariant la grande histoire à celle intime, familiale. La série retrace le parcours de la famille Oussekine entre l’Algérie et la France, la question de l’identité qui les traverse, et la violence et le racisme dont ils ont été victimes par la médiatisation de l’affaire.
La série est d’une rare maitrise, Antoine Chevrollier réussissant à nous faire entrer par flashbacks successifs dans le quotidien de la famille, de leurs racines algériennes à leur vie fracassée par le meurtre de Malik. Le dernier épisode est particulièrement fort, avec le procès qui, malgré des preuves accablantes et la défense de Georges Kiejman, se solde par des peines ridicules…
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La série brille par son impeccable casting. Que ce soit des acteurs peu ou très connus, il n’y a pas une fausse note. On ne peut pas donner de mention spéciale à quelqu’un, tous sont excellents, fondus dans leur rôle, de Sayyid El Alami qui joue Malik Oussekine à Kad Merad, Olivier Gourmet, Laurent Stocker et Bastien Bouillon, ainsi qu’aux acteurs qui jouent la famille Oussekine : Hiam Abbass, Tewfik Jallab, Malek Lamraoui, Naidra Ayadi, Slimane Dazi et Mouna Soualem.