Six ans après The Guilty, le réalisateur suédo-danois Gustav Möller revient avec Sons, un thriller psychologique carcéral. L’attente était longue, les attentes nombreuses…
Ce n’est pas peu dire que nous attendions le retour de Gustav Möller. Nous avions été scotchés au festival de Beaune par son premier film, et tout autant les fois où nous l’avons revu. Pour ne pas compromettre ce souvenir, nous avons préféré ne pas regarder le remake américain d’Antoine Fuqua de 2021, avec Jake Gyllenhaal dans le rôle principal.
Le réalisateur présente donc Sons, son second film cette année, thriller carcéral avec une superbe tête d’affiche : Sidse Babett Knudsen. Mais il n’est pas question pour autant de film à gros budget.
Le mieux est de ne pas regarder la bande-annonce et d’en lire le moins possible pour garder toute la découverte du scénario – même si les choses se concrétisent rapidement. Eva (Sidse Babett Knudsen) est gardienne de prison à la section 5 où elle œuvre à la réinsertion : enseignement, méditation, proximité avec les détenus. Un matin, alors qu’elle regarde par la fenêtre, elle voit dans la cour de nouveaux prisonniers arriver. Parmi ce groupe, elle remarque un détenu, Mikkel (Sebastian Bull), qui est incarcéré au quartier de haute sécurité. Eva va demander son transfert dans cette section.
Un début oppressant
Dans son premier film, Gustav Möller nous avait frappé par sa capacité à nous placer dans des situations oppressantes avec peu de moyens. Il le confirme ici. Les prisons suédoises ont beau sembler moins peuplées et vétustes que notre système pénitencier, le système de sécurité reste le même. Tout le début de Sons, filmé à hauteur d’homme dans la prison, met le spectateur en situation d’enfermement. Filmé en format 4/3, qui renforce le côté cloisonné, on voit le quotidien des prisons, ses codes, ses bruits, ses innombrable grilles et portes, ses pièces si petites, c’est un véritable sentiment d’étouffement, de claustrophobie, d’autant qu’on ne quitte jamais le milieu de la prison. Il n’y a pas la possibilité de souffler en s’extrayant de ce décor avec une scène domestique ou un trajet en voiture, par exemple.
Une suite en tension
Ce sentiment s’exacerbe dès que « l’affrontement » entre Eva et Mikkel commence. C’est une des grandes forces du travail de Gustav Möller, sans musique grandiloquente ou effet de scénario alambiqué, il parvient à mettre le spectateur dans un inconfort, sentant le danger en permanence, ne sachant pas de quel côté il arrivera. Tension constante, personnages au bord de l’explosion, le cinéaste réussit à nous maintenir en apnée dans des scène aussi « banales » qu’Eva et Mikkel en train de fumer une cigarette dans une cour d’isolement, soit juste deux personnes face à face, dans un décor minimaliste.
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Un casting d’excellence
Le talent de Sidse Babett Knudsen n’est plus à prouver, on l’avait déjà constaté avec ses rôles de Première ministre dans la série Borgen ou celui de la pneumologue-lanceuse d’alerte Irène Frachon dans le film de d’Emmanuelle Bercot, La Fille de Brest. Une fois de plus, elle épate par son jeu. Visage plus que fermé, expressions contenues, ambivalence, elle réussit à parfaitement se fondre dans son personnage.
En face d’elle, Sebastian Bull, avec son physique hors normes et son corps couvert de tatouages, est particulièrement inquiétant. Mais ce n’est pas tant son physique que ce qui peut émaner de lui, cette violence susceptible de sortir à tout instant couplée à des moments de détachement total. Il reste insaisissable tout au long du film, à la fois insensible, angoissant et d’une noirceur totale.
Depuis The Guilty, son premier film coup d’éclat, nous attendions beaucoup de Gustav Möller. Les six ans d’attente n’ont pas dû arranger nos exigences. Alors, forcément, on compare Sons avec son précédent film et le scénario souffre d’un certain flottement. Mais tout est rapidement oublié, tant le sentiment palpable de tension vous habite longtemps après la sortie du film.
Pour aller plus loin
Sons, chez son distributeur, Les Films du losange