Révélé dans le monde du polar par son premier roman noir, L’exequatur, Marc Boulet a ensuite continué dans sa veine exploratrice du continent asiatique. Il se consacre à des choses différentes aujourd’hui, écrivant malheureusement moins. Retour sur son parcours multiple (cherchez ce qu’il fait d’autre…) chez Rivages.
Comment s’est fait ton arrivée chez Rivages ?
C’était en 2005. Je cherchais un éditeur depuis un an afin de faire publier mon premier roman noir : L’exequatur, et je ne recevais que des refus (histoire trop noire, immorale, trop déstabilisante pour le lecteur, et cætera). Et puis j’ai eu une idée… Pourquoi ne pas essayer chez Rivages/Noir. Mais je ne voulais pas envoyer mon manuscrit par la poste. J’ai donc tout simplement téléphoné à François Guérif en m’annonçant au standard comme étant l’auteur des essais Dans la peau d’un Chinois et Dans la peau d’un intouchable. François m’a pris en ligne, et le lendemain j’ai déposé mon texte à la réception de Rivages. C’était quelques jours avant Noël 2005.
Quel a été leur accueil ?
Leur réponse a été hyper rapide. Au bout d’une dizaine de jours à peine. Le 3 janvier 2006, vers 15 h00 (je m’en rappelle parfaitement tant j’ai été surpris), François m’a appelé pour me dire que c’était OK, qu’il acceptait mon texte et qu’il me faisait tout de suite envoyer un contrat. Ma vie d’écrivain a totalement basculé ce jour-là. Nous nous sommes rencontrés plus tard, en mars.
Comment se passe le travail sur ton manuscrit ?
Pour ce premier roman publié chez Rivages/Noir, il y a eu très peu de changements à faire, et en aucun cas des modifications obligatoires. C’étaient juste des suggestions, comme par exemple de développer tel ou tel paragraphe, 3 ou 4 au total, et c’est pourquoi François m’avait proposé un contrat dès le début, car j’étais libre de suivre ou non ses suggestions, cela ne remettrait pas en cause la publication de mon roman (en septembre 2006).
Ensuite, pour mes livres suivants, j’ai toujours bénéficié de la même liberté : des suggestions, jamais d’obligations… Et ces suggestions portent sur des problèmes de forme, de structure, jamais sur des questions de politique ou d’immoralité. Chez Rivages/Noir, on peut tout écrire pourvu que ce soit bien écrit, et avec originalité, avec une petite musique personnelle. Mais, en vérité, ce serait difficile, et même stupide, de ne pas suivre ces suggestions émanant de grands professionnels de l’édition, et non de vulgaires marchands de papier comme le sont beaucoup d’éditeurs dans les autres maisons, où l’on juge la qualité d’un auteur uniquement en fonction de ses chiffres de vente. Ce qui n’est pas le mode de fonctionnement chez François Guérif. Dans 90% des cas, je me suis rendu compte que ses suggestions amélioraient beaucoup mon texte, par exemple en raccourcissant ou au contraire en enrichissant un passage. Mais au final, c’est toujours moi qui décide.
Doutes-tu à chaque livre envoyé ?
Qui ne douterait pas ? Mais il faut « douter avec méthode », je pense. C’est-à-dire en essayant de présenter un manuscrit qui me satisfasse pleinement, et non un premier jet (une sorte de brouillon). Il faut présenter à l’éditeur ce que l’on espère avoir pu écrire de mieux. Ainsi on a une relative confiance en soi, construite à partir d’un doute raisonnable, méthodique.
Peux-tu nous donner tes 5 livres de chevet Rivages/Noir ?
Difficile de choisir. Presque impossible. C’est comme de choisir quel doigt se couper, s’il le fallait absolument, alors qu’on a envie de tout garder, de ne se priver de rien dans la bibliothèque idéale que constituent les plus de mille titres publiés par Rivages/Noir. Donc je choisis, puisqu’il le faut absolument, parmi tous les livres que j’ai lus puis relus, tant ils m’ont touché, listés par date de parution et donc sans ordre de préférence :
– C’est arrivé à Boston de Russell Greenan, n° 205.
– Ordo de Donald Westlake, n° 221.
– L’Épouvantail de Ronald Hugh Morrieson, n° 616.
– Punis-moi avec des baisers de William Bayer, n° 849.
Mais aussi un auteur français (que je connais pas personnellement, ce qui me permet de le citer en toute liberté et non par copinage) :
– Hôpital psychiatrique de Raymond Castells, n° 889.
Pour aller plus loin
Marc Boulet chez Rivages
Le blog de l’auteur