Nous avions manqué la série Les Sauvages lors de sa diffusion en 2019, mais l’élection présidentielle arrivant bon train, cela nous a semblé le bon moment pour s’y plonger.
L’histoire
Les Sauvages débute le vendredi avant l’élection présidentielle. C’est la fin de l’entre-deux-tours et Idder Chaouch, candidat d’origine kabyle, est plus que favori. Parallèlement, à Saint-Étienne, la famille Nerrouche termine les préparatifs d’un mariage.
Ce qui lie les deux histoires ? Jasmine Chaouch, la fille d’Idder, qui est aussi la responsable de sa campagne présidentielle. Elle vit avec Fouad Nerrouche, qui est LE comédien du moment, héros d’une série médicale française. Fouad a quitté Saint-Etienne en tournant le dos à sa famille d’origine algérienne…
Le dimanche (nous ne dévoilons quasiment rien), Idder Chaouch est élu, mais au moment du bain de foule censé fêter cette victoire, il se fait tirer dessus.
La série de six épisodes va suivre ces deux arcs narratifs.
Un thriller politique
On a tiré sur le président. Qui ? Les forces de l’ordre le savent très vite, mais pourquoi et qui sont les commanditaires ? Marion Ribheiro (Marina Foïs, excellente), responsable du Groupe de sécurité de la présidence de la République se fait logiquement démettre de ses fonctions après la tentative d’assassinat d’Idder Chaouch. Mais connaissant parfaitement l’entourage de celui-ci, en particulier Fouad Nerrouche, elle a des pistes à exploiter. Son ancienne direction ne veut plus entendre parler d’elle et elle va se rendre à Saint-Etienne, hors de tout cadre légal, pour tenter de faire la lumière sur cette affaire.
D’un autre côté, pour les commanditaires, la tentative d’assassinat n’était que le premier étage de la fusée et quelque chose d’autre se prépare.
Saga familiale
Les Sauvages est aussi une double saga familiale. D’un côté, la famille Nerrouche, dont Sabri Louatah dresse un très juste portrait : la vie dans la cité Montreynaud à Saint-Etienne, le fils prodige monté à Paris et qui tente d’effacer son passé, le frère Nazir en prison pour incitation à la haine raciale, et le reste de la famille qui se débat dans les tracas de la vie au quotidien.
De l’autre, la famille Chaouch. On y voit Idder et son combat politique, pris en étau entre sa fille carriériste et sa femme, protectrice, mais qui préférerait continuer sa carrière de chef d’orchestre que d’occuper le rôle de première dame.
Le casting
Roschdy Zem semble taillé pour le rôle du futur président. En 2019, la même année que la sortie des Sauvages, il jouait également dans Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin, où il incarnait un personnage là encore doté de distinction et d’humanité. Marina Foïs est parfaite en Marion Ribheiro qui ne sourit pas, lassée, mais qui s’accroche à tout ce qui lui reste, son travail.
Pour nous la révélation vient de Sofiane Zermani (aussi connu sous les noms de Sofiane ou Fianso à la scène), magnétique dans le rôle de Nazir. Il donne toute sa dimension au personnage, fascine, intrigue, on sent la rage et les fêlures de son rôle…
Au final
La série Les Sauvages est tirée de quatre romans du même nom de Sabri Louatah (condensés en deux volumes chez Points). Nous avouons ne pas les avoir lus et n’être pas en mesure d’en tirer de comparaisons, mais à l’arrivée, le résultat est bancal. Si la série s’ouvre sur deux excellents épisodes, très tendus, elle se perd ensuite dans un registre oscillant entre la saga familiale, le polar et le politique, malheureusement peu développé.
Sabri Louatah avoue qu’il savait que la série serait une trahison de ses romans. Il en parle en toute connaissance de cause car il est à l’origine de la série, avec Rebecca Zlotowski. Malgré un fort potentiel de départ, une idée forte autour des familles Chaouch et Nerrouche et de l’élection de ce candidat atypique (qui fait rêver lorsqu’on regarde la scène politique actuelle), le traitement ne suit pas. Même si Les Sauvages est bien réalisé et joué, mais on reste sur sa faim… en attendant de lire les romans.